L’art public de Jofo
L’artiste explore un mode d’intervention plastique qui lui permet d’inscrire son œuvre dans la durée, gage de la reconnaissance publique.
Puisqu’il n’est pas permis à tout le monde d’étudier profondément l’art contemporain, à la place de sa compréhension Jofo préconise sa présence directe, visible, identifiable et facilement accessible dans des lieux publics. Sans sens d’une esthétique officielle, il saisit l’opportunité de faire un art « pop » qui embellit le quotidien.
Depuis la réalisation d’un rideau de scène monumental dans l’amphithéâtre du Centre Technique de la Fédération Française de Football en 1990, ses personnages « envahisseurs » n’ont cessé de poursuivre leur avancée vers un public toujours plus large !
La réalité et l’imaginaire se rencontrent dans des réalisations ludiques et bien vivantes : le « cylindre à toto », œuvre bichromique monumentale implantée au cœur du Forum des Halles de Paris raconte en 200 « saynètes anecdotiques » la poésie des prénoms. Le message ainsi délivré au passant anonyme implique alors sa participation sensible. Et le lieu de circulation se transforme par enchantement en lieu de convivialité.
Cette volonté d’engagement de l’artiste à embellir une réalité parfois trop triste, à donner naissance à la création d’une œuvre permanente sur la façade de l’hôpital des enfants de Bordeaux. Le style jubilatoire de ses petits héros de totos (marqué par l’imagerie enfantine) situe cette réalisation sur le terrain de la récréation pour le bonheur des petits et des grands !
Cette attitude généreuse et concernée l’autorise à bouleverser des réalités et à repenser le sens de la vie. Ainsi la force visuelle de son art conjuguée à la tendre insolence de ses sujets ont naturellement impliqué Jofo dans le grand projet d’urbanisme de Bordeaux. La métamorphose de la ville représente un terrain idéal d’intégration pour un art narratif, communicatif et ludique : de la réalisation de la façade de la nouvelle « maison du vélo » ainsi que par le biais de panneaux de signalisation détournés, ses totos ont délivré des messages de proximité à chaque usager, citadin et citoyen concerné par leur environnement, et espérons le
désormais par l’art comptant pour tout, content pour un rien, l’art contemporain !
Florence Fargeaut.
